Nous voulions voir les côtes d'Afrique...

...alors après une révision, changement du plateau d'allumage, vidange et chargement de ma belle, Dune et moi prenons la route direction le Maroc.
Après une 1ère escale à Cestas, nous gagnons l'Espagne par St Sebastien. Le temps se dégrade, le vent est si violent que je mets la flèche 175 km avant Madrid, dans un relai routier. Le 3ème jour, le vent est toujours flippant, il fait 4°, nous faisons deux pauses en...70 km
puis ça se réchauffe petit à petit et à la fin de la journée, nous sommes vers Algésiras. Au matin, je découvrirai que Dune a passé la nuit avec une R-E venant d'Allemagne.
Embarquement au matin pour Ceuta, enclave espagnole au nord de l'Afrique, à 3/4 d'heure.

Le passage de la douane se fait rapidement, ouvertures des sacoches mais pas de fouille.
La découverte du Maroc se fait à allure tranquille, 1ère montagne pour rejoindre Tanger. Du vent, des virages vertigineux puis la douceur de la route côtière, par Kenitra, Sale, Rabat où je me pose pour deux jours dans la vieille Médina. Le sable , en permanence en suspension dans l'air , m'oblige à couvrir Dune.

Ce magnifique voyage me fera découvrir les Oudayas de Rabat, où les vieilles maisons bleues qui furent emblématiques de cette cité fortifiée sont rénovées et la blancheur remplace l'azur. Le soir, la plage se pare de centaines de personnes venant assister au coucher du soleil dans un recueillement quasi mystique. Puis nous reprenons la route et nous traverserons des villages animés par le marché dans la rue principale, les ânes et leur carriole sont légion, les moutons traversent les routes, chats et chiens sont partout, en liberté. Chaque arrêt essence est l'occasion de parler avec le pompiste, de me voir offrir un thé, de profiter de la douceur du climat en me baladant à pieds dans les ruelles... Dune va bien, elle plait beaucoup et suscite beaucoup d’intérêt. Nous visiterons El Jadida où je m'offrirai une balade à cheval sur la plage, relax, Aaron trotte, les sabots dans l'Atlantique, cool. Les huitres, élevées non loin de là sont un régal et accompagnent avec délices la salade marocaine. Puis il y aura Safi, Essaouira la magnifique. Le port de cette dernière est blindé de bateaux de pêche et la criée du matin est riche en huitres, oursins, sabres, murènes, congres, rougets, poulpes, raies,, etc.
Marrakech, juste une visite de la place Jemaa El-Fna, où je caresse des couleuvres (c'est mieux que d'en avaler...), je charme un serpent à sonnette famélique, visite du souk et, avant de repartir trouver le calme ailleurs, je fais la rencontre du patron d'un bouclard, qui a vécu 2 ans à Choisy le Roi, près de chez moi. Nous faisons le niveau d'huile, des photos et je file passer la nuit à Beni-Mellal pour une pause de 2 jours. Le soleil se couche sur le Haut-Atlas, dévoilant ainsi ses différentes nuances de bruns, magnifique.
Je vous mets des photos, un peu de vrac, illustrant ces moments de bonheur.

Après Meknes, Dune et moi arrivons à Fes et là, un incident concernant Dune va nous faire vivre des instants magiques, en compagnie de gens incroyables et inoubliables. Je gare ma belle verte sur un parking en retrait du centre ville et je sens du mou dans le levier d'embrayage. Un coup d’œil, le câble est en train de lâcher. Il y a un bouclard à quelques pas, le patron Chakib vient regarder et me propose de le suivre jusqu'à un atelier motos à 2 km de là, sur la route principale. Bon, le câble casse avant, mon câble de rechange étant resté dans un tiroir chez moi, Chakib appelle le mécano de l'atelier, Omar, qui vient sur son scooter, avec des outils et des câbles dans un sac en plastique et c'est dans la bonne humeur et sur le bord de la route que se fait le changement de la pièce défectueuse. Puis Omar fait un aller-retour à son atelier pour revenir avec son épouse Leïla afin de partager ensemble ce moment d'entre-aide motarde car c'est comme cela que Chakib et lui vivent ce moment. Il me faut insister pour régler l'intervention, au moins rembourser le câble. Nous parlons motos, faisons des photos, contrôlons le niveau d'huile, la tension de la chaine, échangeons nos coordonnées et nous nous quittons, le cœur comblé de tant d'émotions, de cet altruisme, de ce plaisir qu'ils ont pris à partager mon voyage en me permettant de le poursuivre tranquillement. Ils accueillent souvent des voyageurs, le temps d'une vidange, d'un thé partagé.

Quittant Fes par la nationale 8, nous traçons la route entre les bras du Haut Atlas, immense, pluriel avec ses faces arides, minérales, végétales, brutes et aussi pleines de douceur selon l'heure, le soleil levant ou couchant. Chacune de ses courbes m'offre un nouveau village, de nouveaux visages. Il est rassurant, enveloppant, un amant magnifique, fort, envoutant. Il sera de tout le restant de mon voyage. La nationale 8 est une route deux fois 1 voie, dont de nombreux tronçons sont en travaux, bien défoncés mais non fermés à la circulation. Dune se la joue grosse trail et ça passe. Cette route qui ressemble plus à nos petites départementales va changer de visage, elle est en cours d'élargissement afin de passer en 2 X 2 voies. C'est dommage, elle va perdre son authenticité, se transformer en voie rapide alors que les animaux continuent de traverser en vrac, que les piétons se déplacent en stop et que même les cars et les autos s'arrêtent pleine file pour les prendre en route, les ânes rentrent des champs tirant leur charrettes. Les postes de contrôles sont nombreux et les fouilles des autos vont bon train. Dune ne fera l'objet d'aucun contrôle.
L'arrivée à Chefchaouene est superbe. C'est une ville blanche et bleue construite à flanc de montagne. Puis c'est l'escale à Tetouan. Dune reste au calme, un peu en dehors de la ville et je vais visiter la vieille médina en empruntant un petit taxi.
Un resto dans le quartier espagnol, un couscous que nous aurions pu dévorer à trois tant c'est généreusement servi.
Le lendemain, c'est retour à Ceita après avoir quitter mon bel amant enveloppé dans la brume. Les côtes d'Afrique s'estompent derrière le bateau.
Nous retrouvons l'Espagne que nous remontons par la côte Est en trois jours jusqu'à chez mon frère avec qui je passe plusieurs jours avant de rentrer chez moi, en deux jours.
Voilà, encore une belle balade avec ma Z, voyage difficile à résumer en quelques posts tant il a été riche en rencontres, en découvertes, en visites.
Un grand merci à ma Dune qui a assuré pendant ces 6500 et quelques km. Je désirais rouler jusqu'à la frontière mauritanienne mais la chaleur passée Essaouira et atteignant les 40° aux portes du désert m'en a dissuadée. Pour ménager Dune d'abord et moi aussi ( il faut savoir reconnaitre certains signaux physiologiques).

en plus de nous faire voyager elle nous fait lire ,bravo a toi

Magnifique récit , jolies photos ,encore une belle aventure .......Nad et sa Dune , imperturbables ...............